Wednesday, April 17, 2013

Les trottoirs


Ca colle et ça pue ! Entre les taches blanches ou noires faites par des chewing-gums fossilisés mais qui exhibent encore assez de vigueur pour s'attacher aux semelles de vos mocassins, les mégots de cigarettes -certains encore allumés-, les crachats bien mousseux, blancs ou verts selon l’état des poumons du cracheur, les innombrables crottes de chiens qui ponctuent votre trajet, que dis-je ? Votre course d’obstacles !, si vous arrivez à destination sans anicroche ni tâche, vous êtes un miraculé ou un saint !

« Faire le trottoir » a aussi changé de signification : Parfois il faut marcher en hiéroglyphe égyptien quand les tables des cafetiers débordent et vous poussent sur la chaussée, au risque de vous faire écraser par un bus… Parfois aussi il faut se frayer un chemin au travers du nuage opaque de tabac des fumeurs relégués à la terrasse du troquet, qu’il pleuve, neige ou vente… D’autres fois, il faut partir de chez soi 30 minutes en avance… Partir juste à l’heure, c’est arriver en retard, tellement les trottoirs sont aussi encombrés que les rues… 

Ville piétonne, certes, mais ville piétonne du Sud avant tout ! On avance nonchalamment et élégamment, un peu comme le courtisan de Joachim du Bellay dans Marcher d’un grave pas : on croise une tête connue, on s’arrête pour un brin de causette, on crée un embouteillage… de trottoir… 

Le temps défile pour le passant pressé et s’immobilise pour le flâneur.

© Sarah Diligenti Avril 2013, Retour de France

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