Sunday, June 19, 2011

Entretien avec Gladys Longchamp, "Echo de Washington", pour Radio-Optimum

Le 29 mars dernier, l’Alliance Française de Washington recevait, dans le cadre du mois de la francophonie, l’auteure haïtienne, Yanick Lahens, pour un Salon Littéraire particulièrement réussi. Je lui consacrerai un autre post pendant l’été sur
Cette rencontre, un grand moment de mon printemps 2011, a attiré plus de 70 personnes, dont 95% de femmes, majoritairement haïtiennes, et parmi elles, Gladys Longchamp. Gladys Longchamp est bénévole pour une radio haitienne, Radio-Optimum, dans le cadre d’une émission culturelle appelée « Echo de Washington ». Elle m’a contactée la semaine dernière pour me proposer de m’interviewer car elle avait beaucoup apprécié et les questions que j’avais posées à Yanick Lahens et mon intérêt pour la littérature de cette île.
Chose faite ce matin : j’ai volontiers répondu aux questions très pertinentes de Gladys et de son co-équipier, Etienne Télémaque et je les remercie encore de l’honneur qu’ils m’ont fait en m’invitant sur leurs ondes.
Je vais tenter de faire ici un résumé aussi fidèle que possible de notre entretien de ce 19 juin 2011.
1)      D’abord, Madame Pickup-Diligenti, pourriez-vous nous faire une brève description des activités de l’Alliance Française dans la région métropolitaine du Grand Washington ?
L’Alliance Française de Washington fait partie d’un réseau mondial qui date de la fin du XIXeme siècle. Le chapitre de Washington n’est qu’un des plus de 130 chapitres de l’Alliance Française aux Etats-Unis, même si nous sommes l’une des plus grosses Alliances du pays, New York mis à part, hors catégorie pour des raisons évidentes. Notre mission principale est bien évidemment la promotion de la langue française mais aussi également celle des cultures de langue française, cultures francophones. Nous recevons des artistes, auteurs, conférenciers, musiciens, de toute la francophonie. Nous avions une pièce de théâtre en avril, des performances littéraires de rues lors du weekend de Memorial Day, la fête de la Musique ce vendredi et nous aurons bien sûr Bastille Day en juillet. Nous sommes aussi un centre multimédia : bibliothèque d’emprunt de livres, magazines, CDs, DVDs, et un centre éducatif, avec des cours pour adultes mais aussi pour enfants et un éventail de certifications officielles en langue française : TEF, TCF, DELF

2)      Comment décririez-vous la participation des communautés francophones et non –francophones aux activités de l’Alliance Française ?
Pour les non-francophones, leur participation est principalement liée à leur désir d’apprendre la langue française, et par la suite, de mieux connaître la culture française et les cultures francophones. Nos premiers apprenants ont 12 mois, les plus âgés ont plus de 90 ans…
Pour les francophones, c’est différent : il y a d’abord ceux qui ne viennent que pour la bibliothèque ; il y a ceux qui, établis depuis longtemps, viennent aux événements culturels en langue française (nous en avons aussi en anglais pour nos apprenants débutants et pour toutes les personnes intéressées par la France et la francophonie mais qui ne parlent pas très bien le français) et il y a ceux qui établis à long terme dans la région de Washington, ont des enfants et les inscrivent à nos cours de français parce qu’ils veulent conserver un lien linguistique ou culturel avec la France et les pays francophones.

3)      Justement, pour maintenir le lien avec la langue française, n’est-il pas curieux qu’une organisation chargée de provoquer et de maintenir l’intérêt pour la langue et la culture françaises n’offre pas de cours de français gratuits. Quelle est la raison des frais imposés par l’Alliance ?
En fait, l’Alliance Française de Washington donne des cours de français gratuits à environ 260 enfants des écoles élémentaires de DCPS (District of Columbia Public Schools), et particulièrement des écoles situées dans des quartiers très défavorisés, de Ward 7 et 8, à Anacostia. Contrairement aux autres programmes qui interviennent dans les écoles publiques, le nôtre est un « core subject », car nos professeurs interviennent pendant la journée et non pas après l’école. L’Alliance Française prend en charge la totalité de ce programme et paie les professeurs des 5 écoles participant au programme, leurs frais de transport, mais aussi tout le matériel pour la classe et toutes les activités culturelles d’initiation aux cultures francophones. Dès qu’un artiste vient à l’Alliance, il est souvent sollicité pour un atelier dans ces écoles. Nous avons eu un batteur sénégalais, un danseur de hip hop Aurélien Kairo, le dessinateur humoristique du Monde, Plantu, et bien d’autres. Tous les frais sont pris en charge par l’Alliance : les cours sont totalement gratuits pour ces élèves dont c’est souvent la seule porte ouverte sur le monde francophone. Le programme entre dans sa 11eme année. En revanche, il faut aussi savoir que l’Alliance Française de Washington est une organisation à but non lucratif, une 501 c 3 comme on dit ici et ne reçoit aucune aide, aucune subvention, de la part du gouvernement français. Ce sont les cours qui financent les salaires des professeurs et du staff, les acquisitions bibliothèques, les événements culturels. Et nos cours sont d’ailleurs les moins chers du marché, moins chers que ceux du USDA , ILI, qui  proposent une heure et demie une fois par semaine contre nos 4 heures par semaine.

4)      Si nos auditeurs veulent des informations sur vos activités, vos cours, comment peuvent-ils y avoir accès ?
Le plus facile, c’est de consulter notre site web : www.francedc.org Ils auront sur la page d’accueil les événements culturels en cours ou à venir. Ils peuvent cliquer sur « French classes » pour les cours. Et s’ils préfèrent nous appeler, ils peuvent téléphoner au 202-234-7911, le staff sera ravi de les informer.

5)      Dans le concert des nations francophones, Haïti semble jouir d’une place tout à fait spéciale. Si vous pensez cela, quelles sont les raisons de cet intérêt en dehors de la pitié qu’inspire la « pays le plus pauvre de l’hémisphère occidental » ?
Je n’aime pas trop qu’on utilise cette phrase pour définir Haïti. Si Haïti est un pays pauvre économiquement parlant, c’est aussi un pays riche à d’autres points de vue. Il y a des pays du monde occidental qui n’ont pas la créativité littéraire, artistique que connaît Haïti. Dans ces pays « riches » du monde occidental, il n’y a rien de nouveau ou presque, ou alors des redites de ce qui s’est fait avant, ou alors un déconstructivisme critique négatif de ce qui a eu lieu ou s’est fait. On se complait dans l’autofiction et l’observation de son nombril dans la littérature française parisienne, -pas en province. Les auteurs, les artistes d’Haïti ont tout à gagner, ils sont habités par la flamme de la créativité. Ceux du monde occidental se reposent sur leurs lauriers… Et de plus Haïti de par son histoire, doit avoir une place spéciale, car c’est un pays phare, un pays qui peut encore aujourd’hui inspirer les autres, surtout les pays dans lesquels il y a encore un combat pour les droits humains, les droits de la femme. La révolte des esclaves d’Haïti, l’épopée de Toussaint Louverture, même si elle a été coupée court par Napoléon 1er, tout cela est un actif, et non pas un passif.

6)      Dans le cadre des activités littéraires du mois de la francophonie, l’Alliance Française a invité Mme Yanick Lahens, issue d’une université française, fondatrice de l’Association des Auteurs Haïtiens. Comment interprétez-vous le travail de Mme Lahens dans le contexte local et international ?
Je ne peux pas vraiment commenter en ce qui concerne le contexte local haïtien, mais je ne peux que remarquer que Yanick Lahens a déjà une belle audience dans la communauté haïtienne de Washington, il y avait plus de 90% de Haïtiens à ce salon littéraire et comme moi vous avez pu remarquer qu’il y avait 95% de femmes, la plupart Haïtiennes. C’est extraordinaire ! Ce que je souhaite, c’est que les œuvres de Mme Lahens soient traduites en anglais pour acquérir une audience encore plus large, dans  le monde anglo-saxon notamment. J’ai découvert par hasard Mme Lahens en lisant Dans la maison du père, et ce fut une révélation, une épiphanie : une si belle écriture, si forte, si ferme, puissante, et une femme en plus ! Et des sujets tellement différents, une telle sensibilité.

7)      Devons-nous attendre mars 2012 pour des échanges du même genre avec des auteurs haïtiens ?
A l’Alliance Française de Washington, nous ne limitons pas la francophonie au seul mois de mars. Nous avons des cours de littérature francophone 9 mois sur 12. L’an dernier d’ailleurs, j’ai moi-même enseigné un cours qui s’appelait « Voix Haïtiennes », un échantillon si je puis dire, de la littérature haïtienne, sur 8 semaines. Les étudiants ont ainsi découvert une douzaine d'auteurs, dont FrankEtienne bien sûr, René Depestre, Jean Metellus, mais aussi Yanick Lahens, Evelyne et Lyonel Trouillot, Marie-Célie Agnant, Kettly Mars et sans oublier Dany Laferrière. J’avais d’ailleurs une classe sur Pays sans chapeau de Dany Laferrière il y a quelques années. A la rentrée nous allons aborder de nouveau les Caraïbes après une halte sur le Liban.

8)      A vous écouter, on déduit que vous connaissez à fond le travail des auteurs de la Caraïbe et d’ailleurs. Peut-on vous demander quels sont vos auteurs et vos littératures préférés ?
C’est une bonne question et je vous remercie d’avoir utilisé le pluriel, car je ne peux jamais y répondre quand on me demande juste quel est mon auteur préféré. Je dirais que bien sûr il y a la littérature de la Caraïbe : haïtienne, mais aussi des Antilles car j’aime beaucoup lire Maryse Condé, dont les livres m’ont permis de retrouver des éléments et même des personnes de mon enfance en Guadeloupe. Elle connaissait même ma marraine… Raphael Confiant, Patrick Chamoiseau, mais aussi Gisèle Pineau, Daniel Maximin, pour Soufrières, le grand Aimé Cesaire, Edouard Glissant. J’aime aussi la littérature russe, Tolstoi en particulier et plus que Dostoievski, et les nouveaux auteurs russes comme Alina Bronsky, Sofia Oksanen. Dans la littérature française, j’aime Andrei Makine, qui est né russe mais écrit en français; j’aime Catherine Cusset, Annie Ernaux, Delphine de Vigan, Muriel Barbéry, Marie-Hélène Lafon, Claudie  Gallay, beaucoup de  femmes, tiens…

9)      Vous devez savoir que FrankEtienne, ses contemporains et ses amis ont mené une campagne assidue pour que lui soit décerné un Prix Nobel de son vivant. L’Afrique l’a eu avec Wole Soyinka, et la Caraïbe anglophone avec Derek Walcott, pourquoi pas un FrankEtienne ?
Pourquoi pas, en effet ! Car FrankEtienne mérite le Prix Nobel de Littérature doublement : parce qu’il écrit en créole, et a entrepris un travail magistral de mise à l’écrit de ce que l’on appelle la littérature –oralité ou oraliture, -toutes ces traditions orales-, et il écrit aussi en français. Je vous rappelle que le Prix Nobel ne peut être décerné qu’à un écrivain vivant… et il est grand temps de le donner à FrankEtienne. Je suis encore en colère qu’un lion de la littérature américaine soit mort sans avoir été reconnu pour son œuvre: John Updike, et tout cela parce que certains membres du Jury Nobel prétendent que les Américains ont une littérature non ouverte sur le monde, tournée sur le monde américain seulement. C’est un beau prétexte, car si on voit à qui certains des derniers Nobels ont été attribués, on voit bien qu’il y a bien plus nombriliste que la littérature américaine : par exemple Elfriede Jelinek pour l’Autriche ou encore Herta Muller pour l’Allemagne. Je mets de côté le cas de JMG Le Clézio, qui est de langue française, mais plus francophone que français. Il est mauricien d’origine et peu lu des Français « de souche », et aussi peu traduit. Je dis que c’est déjà un miracle que Wole Soyinka et Derek Walcott aient eu le Prix Nobel, ils écrivent des choses magnifiques, mais je pense comme vous, il est vraiment temps qu’Haïti soit reconnue par un Prix Nobel de littérature, car Haïti a une littérature ancienne, de plus de deux cents ans. Et FrankEtienne mérite ce Prix Nobel. Absolument.

10)  Edwige Danticat, auteure haitiano-américaine d’expression anglo, pourtant issue d’un pays francophone. A quel patrimoine appartient-elle selon vous ?
Edwige Danticat, elle est un peu dans le cas d’Andrei Makine que je mentionnais tout à l’heure.  Elle aussi a fait un choix de langue pour écrire. Il y a quelques années, elle est venue à Washington présenter un de ses livres dans une librairie indépendante et un des membres de l’audience lui a d’ailleurs posé la question du choix de langue et elle a expliqué qu’étant arrivée tellement jeune aux Etats-Unis, elle n’avait pas eu de vraie éducation formelle en français, hormis ce qui se parlait à la maison : français / créole. A ce titre, elle peut prétendre à plusieurs patrimoines : haïtien d’abord bien sûr, américain, et même francophone. Un peu comme Dany Laferrière qui expliquait en 1999 qu’il "écrivait des livres américains dont le texte seulement est écrit en français", car après tout," Haïti est en zone géographique américaine, pas en zone européenne ou française". J’ai beaucoup aimé The Dew Breaker, d’Edwige Danticat, qui est un tour de force stylistique, un roman en  nouvelles, avec les chapitres d’accroche et de fin bouclant la boucle de cette histoire, de la vie de cet homme qui est aussi un bourreau.

Etienne Telemaque m’a ensuite posé deux questions, sur les raisons pour lesquelles les programmes de TV5 montraient beaucoup de choses/endroits/activités/personnalités du monde africain mais rien sur Haïti, et sur la manière dont l'Alliance choisissait ses événements culturels.
-          Pour TV5, il faudrait vous adresser directement à eux. Je demande à mes professeurs d’utiliser TV5 dans leurs classes, notamment de compréhension orale, afin de permettre aux apprenants d’entendre les différents accents du français. Je n’ai pas de relation directe avec TV5. Est-ce parce que les pays africains ont des accords spéciaux ou est-ce une question de moyens technologiques ? Je ne sais pas et suis désolée de ne pouvoir vous aider.
-          Pour la programmation culturelle de l’Alliance Française de Washington, nous travaillons en amont, environ un an à l’avance. En ce moment, le directeur culturel, Sylvain Cornevaux, prépare la saison 2011-2012… Nous utilisons principalement 3 voies : les offres culturelles de la Délégation Générale des Alliances Françaises aux Etats-Unis. Elle est située à Miami et lors de la réunion annuelle, ils présentent les projets possibles que nous prenons ou non. Ces projets comprennent des artistes, auteurs, conférenciers, musiciens français et francophones. Nous travaillons aussi avec le service du livre à New York, qui dépend des services culturels de l’Ambassade de France et qui nous envoie régulièrement une liste d’auteurs qui seront en tournée. Nous décidons aussi  nous-memes de certains auteurs ou événements. Effectivement, j’ai déjà fait des propositions d’auteur au directeur culturel pour 2011-2012. J’espère toujours avoir des auteurs qui non seulement peuvent venir comme l’a fait Yanick Lahens, pour parler au grand public, mais qui peuvent aussi participer à notre programme dans les écoles de DCPS ou participer à un cours de littérature francophone. Les étudiants aiment ces rencontres exclusives avec les auteurs, qui leur semblent ainsi plus approchables et moins intimidants. Si effectivement, vous avez vous-même des artistes, des auteurs de la diaspora haïtienne intéressants, vous pouvez tout à fait contacter le directeur culturel Sylvain Cornevaux, qui est toujours intéressé par explorer de nouvelles pistes.

Monday, April 25, 2011

Les Gens Qui...

Les gens qui lisent la section Sports du quotidien et jurent comme des charbonniers parce que leur  équipe a perdu.

Les gens qui lisent tout ce qui leur tombe sous la main du moment que c’est écrit noir sur blanc, en cursive ou en lettres d’imprimerie.

Les gens qui ne lisent que ce qu’ils aiment.

Les gens qui lisent ce qu’ils aiment et même ce qu’ils sont obligés de lire.

Les gens qui ne lisent que ce qu’ils sont obligés de lire et utilisent cette obligation comme excuse pour ne rien lire d’autre ou alors en diagonale.

Les gens qui ne liront qu’à la retraite, disent-ils, et puis qui meurent avant de l’avoir atteinte.

Les gens qui lisent à haute voix pour le plaisir de la musique des mots.

Les gens qui lisent parce qu’ils ont vu le film et bénéficient ainsi de la rédemption cinématographique.

Les gens qui lisent les livres recommandés par Bernard (Pivot), Oprah (Winfrey), Le Magazine Littéraire, Lire, Elle, le New York Times

Les gens qui lisent les Prix Littéraires : tous ou presque et rien d’autre.

Les gens qui lisent un livre parce que le titre les a accrochés, leur a rappelé quelque chose  -comme à Proust « la petite madeleine », les a interpellés.

Les gens qui lisent un livre parce que la couverture FOLIO est belle.

Les gens qui lisent un livre d’un auteur et puis dévorent tout ce que cet auteur a écrit avant et après le livre qu’ils ont lu et ensuite se rongent d’attendre le prochain livre de ce même auteur.

Les gens qui lisent pour meubler les conversations de salon, briller dans les diners mondains et cacher l’ « insoutenable légèreté de leur être ».

Ceux qui lisent pour tuer le temps.

Les gens qui lisent pour mesurer leur temps de bronzage et qui pestent contre le sable entre les pages.

Ceux qui lisent sur la plage pour collectionner les grains de sable de leurs voyages balnéaires.

Les gens qui lisent pour oublier la vie, la faim, l’alcool, le manque d’amour, les dictatures…

Les gens qui lisent pour s’instruire.

Ceux qui lisent pour le plaisir.

Les gens qui lisent et ne peuvent poser le livre avant de l’avoir fini, et se réveillent les yeux glauques, encore embués de la jouissance livresque.

Ceux qui lisent pour s’endormir mais ne s’endorment pas ou plus et puis au matin paradent leurs cernes de lecteur insomniaque comme une médaille militaire.

Les gens qui ne lisent pas les livres mal reçus par les critiques : leur cerveau se prête aisément au lavage.

Ceux qui font exactement le contraire par esprit de contradiction.

Les gens qui lisent par transcendance.

Ceux qui lisent pour médire de ce qu’ils ont lu, ou de l’auteur : jalousie et préjugés ne connaissent pas de frontières.

Les gens qui lisent pour être choqués, le sont ou prétendent l’être parce que « chez ces gens-là, Monsieur, ça ne se fait pas ».

Les gens qui lisent pour lire.

Les gens qui lisent sont rares.




28-29 juin 2001 – additions en italiques, en mars  2011, suite à un atelier d’écriture...

Wednesday, March 23, 2011

Hommage à Boris Vian


Je mourrai d’un Coeur brisé
Un piquant matin de décembre
Je mourrai broyée noyée
Au large
De mon île emportée
Par une larme
de fond à Coeur fendre
Je mourrai sur le bitume
Traversée par un éclair
Écrasée par une météorite
Je mourrai d’une illusion
De rire de peur d’un coup de crayon
Je mourrai pour une cause perdue
Au fin fond d’un pays sans Coeur
Assassinée par des hommes sans âme
Je mourrai la plume
A la main
Je mourrai des souvenirs plein le Coeur
Et des mots d’amour sur ma langue paralysée
Je mourrai sans mémoire
Mon passé effacé par la maladie
Et tout sera fini.

© Sarah Diligenti Mars 2011

Saturday, March 19, 2011

Inventaire d’un sac à main... à la manière de Prévert

Un Ipod rouge (RED) avec écouteurs d’origine & 998 chansons
Un porte-feuille rouge plein de cartes: de crédit, de club de gym, de bibliothèque, de membre de Costco, des Archives Nationales, de Mount Vernon,
Un porte-monnaie rouge rond orné d’un signe Peace and Love: presque vide
Les quarters avalés par les parcmètres hors service de DC
Un carnet de chèque
Des cartes de visite pour le cas où je serai en représentation
Des stylos
Des feutres indélébiles
Des crayons à papier H2B
Un appareil photo digital pour les promenades
De l’heure du lunch au cas où je recontrerai Obama
Des serviettes en papier de chez Starbucks
Des mouchoirs en papier Honte
À mon sens de l’environnement mais je n’aime pas
Repasser
Des lingettes parfumées à la lavande – trip nostalgique
Un Blackberry professionnel que je n’allume qu’en voyage
Parce qu’il faut toujours et encore être disponible connecté
Stressé
Un portable perso pour que mon fils m’appelle
Et me demande ce qu’il y a à diner  
et à quelle heure
Je vais rentrer
 Des clés USB
Des clés traditionnelles
Une barrette pince pour cheveux rebelles
Mais dans ce sac où règne un fouillis ordonné
Pas de papiers d’identité: ni passeport, ni carte verte
Ni permis de conduire
Oubliés dans mon autre sac, foi de coquetterie!
La dame du guichet de la porte B
A fait preuve d’indulgence et m’a laissée passer…

© Sarah Diligenti 11- 19 mars 2011