Monday, April 25, 2011

Les Gens Qui...

Les gens qui lisent la section Sports du quotidien et jurent comme des charbonniers parce que leur  équipe a perdu.

Les gens qui lisent tout ce qui leur tombe sous la main du moment que c’est écrit noir sur blanc, en cursive ou en lettres d’imprimerie.

Les gens qui ne lisent que ce qu’ils aiment.

Les gens qui lisent ce qu’ils aiment et même ce qu’ils sont obligés de lire.

Les gens qui ne lisent que ce qu’ils sont obligés de lire et utilisent cette obligation comme excuse pour ne rien lire d’autre ou alors en diagonale.

Les gens qui ne liront qu’à la retraite, disent-ils, et puis qui meurent avant de l’avoir atteinte.

Les gens qui lisent à haute voix pour le plaisir de la musique des mots.

Les gens qui lisent parce qu’ils ont vu le film et bénéficient ainsi de la rédemption cinématographique.

Les gens qui lisent les livres recommandés par Bernard (Pivot), Oprah (Winfrey), Le Magazine Littéraire, Lire, Elle, le New York Times

Les gens qui lisent les Prix Littéraires : tous ou presque et rien d’autre.

Les gens qui lisent un livre parce que le titre les a accrochés, leur a rappelé quelque chose  -comme à Proust « la petite madeleine », les a interpellés.

Les gens qui lisent un livre parce que la couverture FOLIO est belle.

Les gens qui lisent un livre d’un auteur et puis dévorent tout ce que cet auteur a écrit avant et après le livre qu’ils ont lu et ensuite se rongent d’attendre le prochain livre de ce même auteur.

Les gens qui lisent pour meubler les conversations de salon, briller dans les diners mondains et cacher l’ « insoutenable légèreté de leur être ».

Ceux qui lisent pour tuer le temps.

Les gens qui lisent pour mesurer leur temps de bronzage et qui pestent contre le sable entre les pages.

Ceux qui lisent sur la plage pour collectionner les grains de sable de leurs voyages balnéaires.

Les gens qui lisent pour oublier la vie, la faim, l’alcool, le manque d’amour, les dictatures…

Les gens qui lisent pour s’instruire.

Ceux qui lisent pour le plaisir.

Les gens qui lisent et ne peuvent poser le livre avant de l’avoir fini, et se réveillent les yeux glauques, encore embués de la jouissance livresque.

Ceux qui lisent pour s’endormir mais ne s’endorment pas ou plus et puis au matin paradent leurs cernes de lecteur insomniaque comme une médaille militaire.

Les gens qui ne lisent pas les livres mal reçus par les critiques : leur cerveau se prête aisément au lavage.

Ceux qui font exactement le contraire par esprit de contradiction.

Les gens qui lisent par transcendance.

Ceux qui lisent pour médire de ce qu’ils ont lu, ou de l’auteur : jalousie et préjugés ne connaissent pas de frontières.

Les gens qui lisent pour être choqués, le sont ou prétendent l’être parce que « chez ces gens-là, Monsieur, ça ne se fait pas ».

Les gens qui lisent pour lire.

Les gens qui lisent sont rares.




28-29 juin 2001 – additions en italiques, en mars  2011, suite à un atelier d’écriture...